mar 02 Mai 2023 ▪ 9 min de lecture ▪ par Nicolas T.
Le statut de monnaie de réserve internationale du dollar s’érode rapidement. L’heure du Bitcoin approche.
La dédollarisation accélère
D’après les calculs d’Eurizon, la part du dollar dans les réserves de change s’étiole dix fois plus vite qu’au cours des années précédentes.
Voici quelques récents développements qui expliquent cela:
-L’Inde collabore avec 18 pays pour échanger en roupie.
-Les dix pays de l’ASEAN (600 millions d’habitants, PIB de 4 000 milliards $) prévoient de dédollariser leurs échanges.
-L’Argentine et le Brésil ont commencé à commercer en yuan avec la Chine.
-Plus de 2/3 du commerce entre la Russie et la Chine se fait en yuan/rouble.
-La Chine commerce davantage en yuan qu’en dollar depuis le mois de mars 2023.
-L’Arabie Saoudite accepte le yuan et l’euro après 70 ans d’exclusivité pour le dollar.
Le mois décisif fut février 2022, lorsque 300 milliards de dollars et d’euros de réserves de change appartenant à la Russie ont été « gelés » par la Fed et la BCE. Si la première puissance nucléaire mondiale peut se faire détrousser si facilement, personne n’est à l’abri.
Avis partagé par Uday Kotak, CEO de la banque indienne Kotak Mahindra :
« Le plus grand terroriste financier du monde est le dollar. Quelqu’un aux États-Unis peut dire : « Vous ne pouvez plus retirer vos dollars ». C’est le pouvoir d’une monnaie de réserve. Je pense que nous sommes à un moment crucial de l’Histoire. Le monde cherche désespérément une nouvelle monnaie de réserve. Un tel bouleversement ne se produit qu’une fois tous les cent ans. La dernière fois que cela s’est produit, nous sommes passés de la livre sterling (à une époque où l’on disait que le soleil ne se couche jamais sur l’empire britannique) au dollar américain. La question est de savoir quel pays dans le monde peut prendre cette position. »
Le yuan va-t-il remplacer le dollar ?
Toujours d’après Eurizon, la récente dépréciation du dollar fait qu’il ne représente plus que 47 % des réserves de change, contre 58 % rapporté par le FMI à la fin de l’année 2022.
La chute est rude. Cela dit, le yuan ne représente que 3 % du total… La Chine ne semble pas vouloir faire du yuan l’héritier du billet vert.
La raison étant que cela requiert un déficit commercial ainsi qu’un déficit budgétaire. C’est ce que l’on appelle le dilemme de Triffin. Or la Chine n’a pas de tels déficits. L’Empire du Milieu affiche un excédent commercial colossal et une dette publique atteignant seulement 21 % du PIB.
[La dette globale de la Chine est similaire à celle des pays avancés, mais ce sont davantage les particuliers et les entreprises qui en sont responsables.]
Deuxièmement, jouir de la monnaie de réserve signifie avoir une monnaie très forte, ce qui surenchérit les exportations. Ce n’est pas un problème pour un pays comme l’Allemagne qui vend du haut de gamme (Mercedes, BMW, machines-outils de précision, etc).
Mais ça l’est pour un pays comme la Grèce qui vend de l’huile d’olive, un produit basique pour lequel la compétition est féroce dans un monde globalisé. Même chose pour la Chine qui préfère un yuan artificiellement bas pour favoriser son développement industriel et technologique.
Cela dit, à défaut d’être une monnaie de réserve, le yuan peut tout à fait servir de monnaie de paiement. D’autant plus que la Chine a construit le CIPS (Cross-Border Interbank Payment System) qui est l’équivalent du réseau SWIFT.
La monnaie de réserve pourrait tout simplement redevenir l’or. C’est le pari que semble faire la Chine qui en importe de grandes quantités depuis 2008, lorsque la Fed a sorti sa planche à billets (Quantitative Easing).
Éviter une guerre mondiale
Une autre raison de ne pas faire du yuan la prochaine monnaie de réserve internationale est que ce serait un casus Belli. Washington ne se fera alors pas prier pour geler (voler) les quelque 1 000 milliards de dollars que la Chine détient sous la forme de bons du Trésor US.
C’est probablement l’objectif de Washington qui multiplie les provocations vis-à-vis de Taïwan. Pékin est parfaitement conscient que la guerre proxy de l’OTAN contre la Russie en Ukraine est le double indissociable de la guerre menée par les États-Unis contre ses nouvelles routes de la soie.
Et si les États-Unis ne se sont pas formellement engagés à défendre Taïwan, le président Joe Biden a déclaré plusieurs fois qu’il interviendrait si la Chine se réunifiait par les armes.
EN parlant de Taïwan, le président des Philippines Bongbong Marcos était d’ailleurs ce mardi à la Maison Blanche. Cet « honneur » récompense certainement l’accès offert à quatre nouvelles bases militaires, dont trois situées au nord, face à Taïwan.
Cette visite d’État fait suite aux plus grands exercices militaires conjoints entre les deux pays. Les manœuvres visaient à sécuriser le canal de 110 km séparant les Philippines de Taïwan…
La menace est telle que le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang s’est rendu à Manille pour exhorter son voisin à ne pas « choisir un camp ».
Malheureusement, les États-Unis semblent d’avis que le chaos d’une guerre mondiale est la meilleure stratégie pour défendre l’hégémonie du dollar.
Et tout cela pour quoi ? Pour forcer le reste du monde à financer l’obèse dette américaine. Voici en passant les pays qui financent le gouvernement US :
Et pourquoi pas le Bitcoin ?
Les Américains devront bien accepter de commercer à armes égales. Offrir de la dette en échange de matières premières ne peut pas durer éternellement. Le déficit commercial abyssal des États-Unis doit être résorbé.
Et alors que la Russie tient l’OTAN en respect, la Chine appelle ouvertement toutes les nations à commercer en yuan. Dix-neuf pays au moins ne demandent pas mieux, ceux qui souhaitent rejoindre le groupe des BRICS
Le club composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud tiendra son sommet annuel au Cap les 2 et 3 juin. Les questions de son élargissement et d’une nouvelle monnaie de réserve internationale seront à l’ordre du jour.
« Ce qui sera discuté, c’est l’expansion des BRICS et les modalités de cette expansion », a déclaré l’ambassadeur d’Afrique du Sud Anil Sooklal. « Treize pays ont officiellement demandé à rejoindre le groupe et six autres l’ont fait de manière informelle ».
[Arabie saoudite, Iran, Égypte, Algérie, Émirats arabes unis, Turquie, Indonésie, Kazakhstan, Argentine, Nicaragua, Nigeria, Sénégal et Thaïlande.]
Autant de pays qui feraient bien de plaider en faveur d’une monnaie de réserve neutre et apatride afin pour ne pas tomber de Charybde en Scylla. Le petit pays du Bhoutan l’a bien compris et mine en secret du bitcoin depuis qu’il vaut 5000 dollars.
En effet, quoi de mieux que le Bitcoin ? Au moins, tous les pays auraient une chance de miner. Ce serait une monnaie plus équitable que l’or dont les grands gisements sont concentrés dans quelques pays.
Les États-Unis devraient également voir le Bitcoin d’un bon œil, eux qui abritent près de 50 % de la puissance de mining. Les Américains ne pourront pas dire qu’ils partent avec un désavantage.
La Chine préfère toutefois l’or au Bitcoin qui est bien plus efficace pour contourner les contrôles de capitaux. Mais tôt ou tard, la Chine devra bien laisser le yuan s’apprécier et ouvrir ses marchés.
La Russie semble l’avoir compris. Moscou a cessé d’accumuler de l’or alors que son hashrate augmente très rapidement.
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Nicolas T.
Le Bitcoin est une éruption d'énergie chiffrée irréversible et incensurable se diffractant aux quatre coins d'un monde en ébullitions géopolitique et inflationniste. Je vous tiens au courant.
Author: Kayla Johnson
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